Le référendum en Egypte ne mobiliserait pas les foules. Le Monde, 26.03.07
'après
des informations fournies par des organisations indépendantes, un
faible nombre d'Egyptiens se seraient rendus aux urnes, lundi 26 mars,
pour participer au référendum constitutionnel proposé par le président
Hosni Moubarak. Les 36 millions d'électeurs appelés à voter sur 34
amendements de la Constitution ont jusqu'à 19 heures pour se prononcer.
"La participation dans toutes les provinces est encore très, très
faible",
a déclaré Khaled Ali, porte-parole du Centre judirique Hicham Moubarak,
une association de défense des droits de l'homme qui surveille le
scrutin. Des témoins, cités par l'agence Reuters, ont par ailleurs
confirmé que la plupart des bureaux de vote dans les grandes villes
comme Le Caire, Alexandrie et Port-Saïd
étaient quasiment déserts.
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Si la faible participation venait à être confirmée, cela marquerait une victoire pour l'opposition, qui appelait à un boycott des urnes. L'ensemble des partis d'opposition, dont les Frères musulmans, ont affirmé qu'ils n'avaient pas de garantie sur l'équité du scrutin et ont dénoncé la réforme comme une atteinte à la démocratie.
INTERDIRE LES FRÈRES MUSULMANS
Samedi, le président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis vingt-six ans, a plaidé pour les volets les plus controversés de ce train d'amendements, qui prévoit notamment une extension des pouvoirs de surveillance des communications privées, une limitation du contrôle judiciaire des élections et un pouvoir présidentiel de dissolution discrétionnaire.
Pour M. Moubarak, l'Egypte se doit d'écarter les dangers du sectarisme et du terrorisme. "J'ai appris (...) les dangers de mêler la religion à la politique et la politique à la religion. Les amendements constitutionnels (...) devraient prévenir toute incursion dans la religion et toute atteinte à l'unité de ce pays", a-t-il souligné.
Mais l'idée maîtresse de cette modification institutionnelle – l'interdiction des activités politiques fondées sur la religion – est surtout de fournir aux autorités les moyens d'interdire les Frères musulmans, qui ont obtenu un cinquième des élus au Parlement en 2005.
Amnesty International voit dans ces amendements la "plus grande érosion des droits de l'homme" depuis l'entrée en vigueur de l'état d'urgence, décrété après l'assassinat du président Sadate, en 1981. Les Etats-Unis ont exprimé leur préoccupation.